jeudi 11 juillet 2013

Le président de Jean Pierre Bekolo : La force de l’engagement









 Le cinéma peut-il avoir la prétention d’agir  sur nos réalités sociales ? Le dernier long métrage de Jean Pierre Bekolo est une tentative de renversement d’un état qui dure depuis 42 ans.

Le président se transforme en mythe tant sa réalité est complexe à saisir. Tout va mal dans  le pays. Ce jour-là, le président décide d’aller dans son village natal et  se perd en route. Dans le pays, personne ne peut donner de vraies nouvelles du président. Les medias tâtonnent alors que le pays est sous le choc. Jean-Pierre Bekolo fait le diagnostic de ce délitement et tente une prescription à travers un ensemble de techniques cinématographiques.
Dans ce film, il se dégage visiblement un engagement. Description de l’état de la nation du président disparu. Autant l’accent est mis sur la disparition qui fait la une de tous les journaux autant l’état de la nation est exposé. Le film accorde une place de choix aux medias. Ce choix fait appel à l’utilisation de multiples mini-plans qui sont une représentation  esthétique des medias.
Des reportages tout le long du film paraissent comme une sorte de documentaire. Les différentes descriptions sur l’état chaotique de la nation, les multiples interrogations sans réponses adressées au président ne font qu’appuyer cet aspect documentaire du film. La musique se taille une place méritoire dans le film. Elle en arrivera même à ravir la vedette au dialogue. En ce moment le cinéma muet s’invite. La musique très expressive accompagne beaucoup de scènes dans la progression du récit. Le jeu des acteurs rend aussi compte de ce caractère muet : les échanges se font à travers des bouts de papiers qu’ils font circuler entre eux. Bekolo se fait donc épauler par plusieurs genres  pour conduire son œuvre à destination : celle de faire d’elle un vecteur de changement ou renversement de situation.
Jean-Pierre Bekolo parlant de son film confie « on a un président qui est là depuis 30 ans, qui ne veut pas partir, et puis aujourd’hui il a quand même 80 ans.  On se demande comment il va partir; de ce coté il n’y a pas de doute, c’est une histoire vraie. Le cinéma permet de jouer avec tous ces éléments. On part de la réalité pour déboucher sur la fiction et de la fiction pour déboucher sur la réalité. »
Cependant, les déperditions constatées dans l’adaptation de cette réalité ne confirment-elles pas son caractère fictionnel et font des impressions du spectateur averti un simple effet de vérisimilitude ?

Valentine Sanou. Doctorante en cinéma. Université de Ouagadougou

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